Arrivée discrète de la Comtesse du Razès et autres titres.

par **Enduril** Lun 14 Juin - 22:09

Le mariage de Bbred…

Elle avait été invitée et s’était préparée avec la plus grande attention pour cet évènement. Une commande avait été faite pour une nouvelle houppelande de soir sauvage, rebrodée de perles et de fils d’argents. Une chainze de soie à même le corps, elle avait du mal maintenant à supporter le contact d’autres matières, même ses gambissons étaient doublé de cette matière, de fins bas toujours de même, ainsi que la coiffe qui recouvrait ses cheveux tirés et entièrement dissimulés.

Bien sûr, au moment de partir, on était venu l’informer que Monsieur le Coms avait été retenu par l’arrivée d’un poulain issu de la lignée de son premier étalon. Un descendant de Monstro, fallait pas s’attendre à le voir délaisser cet évènement pour une occasion aussi futile qu’un mariage. Pour couronner le tout un serviteur lui annonçait que Nothias venait d’arriver avec une jeune femme.

Nothias et les jeunes femmes, c’était une longue histoire pleine de rebondissements, mais c’était aussi la première fois qu’il en amenait une en ces lieux, de quoi attiser sa curiosité. Hélas, un bref regard sur l’astre solaire avait achevé de la convaincre que ce n’était guère le temps d’y céder.

Après maintes hésitations, elle avait décidé de ne pas prendre la voiture qu’elle avait utilisée pour le mariage de Sam et Malkav, préférant prendre pour changer la toute nouvelle qu’on lui avait fait construire en Italie. En fait, c’est un marchand ambulant de Modène à qui elle avait acheté un tonnelet de ce vinaigre fabuleux de 25 ans d’âge produit en sa ville qui lui avait parlé d’un fabriquant de voitures assez spéciales. Ses modèles, le plus souvent peint en un rouge caractéristique dont il avait le secret étaient fournis avec un étalon noir pour la tirer. Petites, assez surbaissées, elles étaient connues surtout pour leur confort et leur rapidité. Bref, tout ce qui fallait pour une femme se déplaçant souvent seule et courant d’un bout à l’autre du comté, voir plus loin.

Elle prit place et le voyage commença de façon effectivement rapide et confortable. Descendre la vallée de la Vis à toute allure en faisant crisser les roues parfois au bord des ravins, projetant des gravillons tantôt dans le vide, tantôt sur un troupeau d’ovins un peu trop proche. Enivrée par la vitesse, elle laissait parfois échapper un petit cri de plaisir, hurlant à fouette cochet pour aller plus vite jusqu’au moment où… Avec un craquement, la voiture quitta la route, une roue partant dans le vide tandis qu’elle retombait sur l’essieu arrière qui céda avec un craquement fort peu réjouissant.

Une porte qui claque, Enduril descend promptement sans attendre d’aide afin d’évaluer les dégâts. Le véhicule git, ce qui reste de la roue arrière dans le vide. Le cheval noir se cabre, encore et encore, rendu fou de terreur par l’accident, l’écume à la bouche. Quelques hommes tentent de le contenir tant bien que mal, mais peine perdue, l’animal ne se laisse pas approcher et c’est alors que se produit le drame. L’un des hommes se prend un coup de sabot sur le crane qui ouvre une plaie béante dont le sang commence à couler à flots. L’animal est rendu encore plus fou de terreur par l’agitation engendrée et l’odeur du sang. Un homme réussit enfin à attraper les rennes et d’une main de fer, les raccourcit jusqu’à arriver à la bouche de l’animal qu’il immobilise enfin, les yeux fous et tourbillonnant encore dans leurs orbites.

Vivement, tout le monde se précipite vers le blessé inconscient avant de s’écarter pour laisser approcher la comtesse. Après tout, les blessures, elle connait et en a soigné plus que son compte.

Enduril commence à examiner la plaie d’où le sang coule à flots tout en demandant qu’on allume un feu et qu’on y place un fer. Fort heureusement, elle ne distingue aucun épanchement de matière cérébrale, signe que l’homme a peut être une chance de s’en sortir. Elle demande une outre d’eau dont elle se sert pour asperger la blessure et tenter d’y voir un peu plus clair. Elle semble claire et nette, à l’exception de fragments d’os du crâne qui semblent s’enfoncer dans la tête. Précautionneusement, elle explore du bout des doigts la plaie béante, repoussant les fragments loin de la cervelle, vérifiant qu’aucune esquille d’os ne la perce. Après un long moment, rassurée enfin, elle se fait apporter le fer rougit qu’elle applique sur la blessure afin d’en arrêter tout saignement. L’homme est maintenant entre les mains du Très Haut et la Comtesse du Razès se retrouve échevelée, sans voiture, les mains et les vêtements couverts de sang.

Grimace quand elle découvre l’étendue de la catastrophe, mais il n’y a plus rien à faire. Il est clair qu’elle sera en retard au mariage, sauf intervention divine, mais il n’est pas dit qu’elle ne tentera pas tout pour y être, quelle que soit la tenue qu’elle devra arborer. Mais pour l’instant, pas trop le choix pour elle. Elle fait monter le camp et envoyer des hommes à Ganges lui chercher Harley, grison ainsi nommé en l’honneur de l’ami que Zac a anoblit. Elle se fait aussi envoyer la tenue la meilleure pour le monter et éviter d’arriver trop en retard à la cérémonie. En attendant, elle se fait chauffer de l’eau pour effectuer une toilette rapide en attendant sa tenue.

Quelques heures plus tard, c’est un cortège assez impressionnant qui déboule à travers la campagne vers les rues calmes et vides de Pézenas. Une trentaine d’hommes, tous vêtus de mailles brillantes, d’armures de cuir bouillit noir ornée d’un blason aux armes des Noùmerchat. Casqués, gantés, les pieds chaussés d’imposantes bottes de cuir noir rehaussés et renforcés de plaques de métal. Arrivés devant les portes de la ville, ils ôtent leurs casque et on peut voir à leur tête la longue chevelure d’une femme, retenue par un foulard et se distinguant des hommes par un physique moins large et une barbe longue pour les hommes. Oreilles percées et ornés de bijoux d’argents, tout comme leurs cous, leurs poignets et pour certains leurs doigts, ils semblent redoutables, armés jusqu’aux dents et la mine patibulaires. Certains portent des étendards, qui les armes de la famille, qui les armes d’un fief et au milieu, un borgne qui a l’honneur et le privilège de porter celui aux armes de la Comtesse.

S’étant fait reconnaitre, elle pique du talon le flanc de l’animal et reprend à vive allure, toujours suivit de sa troupe la direction de l’église où doit se dérouler la cérémonie, faisant sonner les trompes pour avertir de son arrivée. Comme elle dit toujours, quitte à être en retard, autant se faire remarquer et prouver que ce n’est pas elle qui est en retard, mais les autres en avances. Et foi d’Enduril, il est hors de question que son arrivée passe inaperçue !