Promenons-nous au Languedoc

Il trottait depuis quelques jours déjà, quelle idée de partir de Touraine avec ce qu'il se passait en ce moment là-bas. Il secoua la tête alors qu'il jetait un œil derrière lui, à peine avait-elle repris sa vie en main qu'elle partait sur les routes. Pourtant il avait vu son médicastre il y a peu au domaine....un regard qui retourne sur la route, il avait promis de la protéger, c'était bien là son rôle après tout. La famille de sa maîtresse l'avait suffisamment tourmenté durant les dernières festivités, lui faire parcourir la moitié du royaume était une goutte d'eau à côté.

Il suivit sagement Alandrisse, la main sur sa garde prêt à repousser n'importe quels assaillants. Sa maîtresse n'avait plus la même hardiesse au combat qu'avant, même si elle poursuivait sa passion du cheval. A croire que le caractère de sa famille était un « don » transmis de génération en génération. La tante représentait à merveille cette caractéristique, être têtue devait être une nécessité. Oscar sur ses gardes, admira le paysage. C'était la première fois qu'il mettait un pied dans cette province, elle ressemblait à la Touraine avec ce temps qui ne laissait pas la paix.

Enfin le but final était là, ils traversèrent la ville silencieusement, avant de s'arrêter à l'entrée du château. Le soldat sauta de son cheval et partit aider sa maîtresse à descendre, elle se mit à bougonner signe qu'elle était de bonne humeur. Alors qu'elle enlevait sa capuche, Oscar se dirigea droit sur le poste de garde.

Salutation, ma maîtresse, Dame Alandrisse souhaiterait voir le Vicomte de Pézénas, mes braves.

"Madame Denise! Madame Denise! Madame Denise!" Elle n'entendait plus que ces mots là, ces derniers temps. L'Intendante par-ci, l'Intendante par-là! C'est décidé, quand Môssieur le Vicomte nous fera à nouveau l'honneur de sa présence, je demande - non j'exige! - une augmentation! Qu'est ce que ça sera encore? Une mendiante? Une putain? Des témoins de Jéhovah?! Ça commence à bien faire. Ces imbéciles de garde ne servent vraiment à rien, nom d'un alambic.

QUUOOOOIIIII?????

Essoufflée, en nage malgré le froid glacial qui régnait dans le Château, Denise l'Intendante se précipita contre les lourdes portes que Robert tenait entrebâillées.

Quoi (pfou) encore (pfou) ?

Là, elle se figea en voyant la Dame montée sur son palefroi et l'homme d'armes qui s'était planté devant elle. La demoiselle passait oisivement ses doigts dans ses longs cheveux, en feignant de ne pas l'avoir vue. Nous y voilà enfin: les nobliaux se rameutent enfin. Quelle poisse!! Leurs chambres ne sont pas encore prêtes, et j'ai même pas fini de préparer mes petits fours! Et le premier qui me demande des petits pâtés il prendra ma main dans la figure et mon pied dans les roubignolles.

Bon, on se ressaisi. Denise prit une grande inspiration pour reprendre son souffle et retrouver son légendaire sang froid.

Ah... Dame Dandrice, soyez la bienvenue! Vous avez fait bon voyage? Vous n'avez pas eu de problèmes avec les lapins? Ils sont particulièrement voraces cette années...
Le Vicomte vous attends, rassurez-vous.

ROBERT! Accompagne la Dame jusqu'à la villa, oui? C'est bien. Un écuyer s'occupera de votre monture sur place.

Un sourcil qui se lève, « Dame Dandrice ». Elle était sourde la noiraude en plus d'être étrange. Par tous les ...oui non pas encore. Réfréner son envie de bougonner, cela ne faisait plus parti du personnage à présent, tout le contraire...Enfin elle essayait de se convaincre en tout cas, même si cela ne marchait pas vraiment. Mais bon qui ne tente rien à pas de bouteilles en poche. Haussement d'épaule après tout, ce n'est pas cela qui l'empêcherait de vivre. Se décale légèrement pour regarder Dame Denise. Une inspiration et ….hop on se lance.

Et bien le voyage fut sans anicroche, j'ai survécu aux lapins cré.. enfin j'avais une bonne garde pour me protéger.

Regard vers Oscar, le remerciant de sa présence. Il faut dire que revenir au Languedoc la perturbait toujours autant. Elle ne savais pas vraiment pourquoi mais le fait était là. Encore une fois elle s'écartait du chemin, retour sur mère Denise.

Je ne suis pas inquiète, Dame Denise, loin de là. Quant à ma monture, mon garde s'en chargera si cela ne vous dérange pas. Ma jument n'aime guère qu'un étranger s'occupe d'elle. Veuillez uniquement indiquer le chemin à Oscar.

S'approche du dit ROBERTTTTTTTTTTTT, avant de se tourner vers Dame Denise.

Il faudrait aussi qu'il puisse bénéficier d'un repas et de chaleur. La route fut longue malgré tout.

Denise n'était pas du genre à se bagarrer pour avoir l'honneur de mener un cheval crasseux à l'écurie, surtout lorsque le garrot de ce dernier avait longuement fricoté avec l'entrejambe d'une bourgeoise qui n'avait probablement pas vu une baignoire depuis la Touraine. Son homme d'arme ne valait pas mieux, d'ailleurs. L'Intendante était bien heureuse de les voir s'engouffrer dans les rues sinueuses de Pézenas, où leurs effluves se mêlèrent rapidement avec les odeurs pas-très-délicates des bouseux du coin et leurs habitudes alimentaire pour le moins contestables (depuis que les lapins ont la main mise sur les légumes, les piscénois ne mangent plus que des fayots en cette saison). Un repas, de la chaleur, ils doivent vraiment être morts de faim et de froid.

Son esprit commença à vagabonder... un bon verre de vin chaud... ça sera un de moins pour le Vicomte...

Ahem... Un froissement de jupons.

Mince, la Bourgeoise était encore là. Mais pourquoi donc n'avait-elle pas suivi Robert? Ah..... Elle espérait peut-être des logements plus raffinés qu'une couche de paille à côté du tas du fumier. Tous les même ces bourgeois, ils débarquent ici avec leurs chevaux sans cornes et leurs vêtements propres sans trous, et ils se croient mieux que tout le monde.
Si elle croit que je vais partager mon vin chaud avec elle, elle peut toujours aller crever avec les lapins.

Bah me regardez pas comme ça ma p'tit Dame. L'est pas ici le Vicomte, vous savez. L'est à la villa, plus loin. Oui, par là, en contre-bas. Je vous accompagnerais bien, mais j'ai un tas de choses extrêmement utiles et importantes à faire ici.

Elle resta campée devant la grande porte, les bras croisées et le regard qui disait clairement "si tu veux boire ne serait-ce qu'une seule goutte de la gnôle qui se trouve dans ce château, il faudra d'abord me passer sur le corps".